Le monde du moulk, dans le vocabulaire de la tariqa karkariya :
Il s’agit du monde de ce qui est connu et appréhendé de manière concrète (chahâda), là où le sens profond devient tangible, dans le plan ou la dimension humaine (nâssoûte), de sorte que les entités spirituelles deviennent perceptibles par les sens physiques, et que puissent être vus les Attributs, alors manifestés en Actes.
Le monde du malakoûte, dans le vocabulaire de la tariqa karkariya :
Il s’agit du monde des sens profonds et des Lumières que contemple la vision intérieure (basîra), perceptibles par les couches les plus intimes des cœurs. Le malakoûte est la partie occultée (bâtin) de l’existence, la dimension inconnue (ghayb) de toute chose existante ; là où s’expriment les corps relevant du barzakh, les formes apparentes subtiles et les degrés spirituels des nafs. Le malakoûte est la réalité (haqîqa) fluant dans l’ensemble de toutes les possibilités du monde des contingences.
Le monde du jabaroûte, dans le vocabulaire de la tariqa karkariya :
Il s’agit de l’océan de l’existence, apparaissant au travers des vagues de ce qui peut être ou ne pas être, et absolument exempt et en dehors du domaine du monde créé. Le jabaroûte est ce qui répare la brisure (jâbir) entre l’origine et les contingences qui en découlent, par l’individualité (wâhidiya) du alif. Il est le voile coercitif séparant le domaine de ce qui est connu (chahâda) du domaine de ce qui est inconnu (ghayb).
Sache, puisse Allâh ouvrir ta vision intérieure, que la sagesse cachée derrière la création de ces mondes n’est autre que l’apparition (dhouhoûr) au cœur de l’occultation (boutoûn), et l’occultation au cœur de l’apparition. Car Sa connaissance (ma’rifa), exalté soit-Il, est un isthme (barzakh) entre les opposés deux-à-deux, de sorte que ne Le connaît que celui qui aura réalisé cet état de barzakh sur le plan de sa vision intérieure (basîra), qui aura réuni la science des deux océans, et sera devenu le détenteur du secret des deux arcs.
Le Vrai fit de ces mondes des cercles, tournant autour du secret de cet univers qu’est l’Homme. Et du fait que les perceptions et les motivations différèrent d’un être à l’autre, ces mondes furent ainsi faits que chacune des créatures puisse y trouver ce qui lui convient le mieux pour vivre.
